Passant à Noviant, un amateur d'architecture ne trouvera que bien peu de restes précédant le XIXe siècle tant les guerres successives n'ont su préserver les traces tangibles de l'Histoire. L'église actuelle n'échappe pas à cette règle et on peut, je crois, aujourd'hui regretter que son style (du plus pur néo-gothique) ne reflète seulement que la banalité du goût de l'époque à laquelle elle a été construite.
Pourtant, longeant la rue du Château, on remarquera une porte ornée de roses dont la facture évoque immanquablement une récupération de matériaux anciens et dont la sculpture ne laisse pas douter qu'elle puisse avoir été exécutée avant le XIIIe siècle. Cette porte, très étroite, donne accès à l'intérieur de la nef sans pour autant avoir une utilité remarquable si ce n'est d'avoir conservé ces quelques pierres, peut-être les seules qui nous restent de l'église primitive de Noviant.
Dans son livre écrit en 1895 « Le marquisat de Noviant-aux-Prés et ses origines », Henri Lefebvre nous donne quelques indices pour comprendre ce qui s'est réellement passé au cours des siècles :
L'église, sous le vocable de saint Jean-Baptiste, a été démolie en 1867 et reconstruite en style ogival sur le même emplacement, mais dans une direction différente. L'ancienne église était orientée, tandis que l'église actuelle est dirigée vers le Nord, de telle sorte que les axes des deux édifices seraient à peu près perpendiculaires l'un à l'autre.
On a conservé, de l'ancienne église, un charmant portail roman, dont le cintre est couvert de roses à quatre feuilles. Il servait, paraît-il, d'entrée à la chapelle castrale. Ce portail a été accolé à une entrée latérale du nouvel édifice. Faut-il dire que l'architecte en a diminué et brisé le cintre pour en faire une ogive !
Et c'est vrai que la grosseur des roses est en parfait désaccord architectonique avec la largeur de la porte. L'architecte de 1867, raillé d'un trait de plume moins de trente ans plus tard par le biographe de Noviant, aurait pu retourner à ses chères études pour y réétudier les styles, sinon leur concordances...
Nous voici en 2004 ; l'heure n'a pas sonné à la reconstruction de l'église ancienne (on se demanderai bien pourquoi et avec quel matériaux...) mais à la virtualité. Fort d'un ordinateur bien modeste et d'un logiciel adéquat, j'ai reconstitué la porte telle qu'elle devait paraître, sans doute orientée à l'ouest comme la majorité des églises du moyen-âge. On y retrouve des proportions correctes, et l'on se prend à rêver d'un temps finalement pas si lointain où les notions de goût et de charme n'étaient pas des mots vains...